En 1937, les autorités nazies saisissent les œuvres de Chagall dans les collections publiques allemandes et trois de ses toiles sont présentées dans l’exposition « Entartete Kunst » (« Art dégénéré ») à Munich. Les événements politiques poussent Chagall à s'installer au sud de la Loire, avant que l’instauration des lois antisémites en 1940 ne l’oblige à quitter sa seconde patrie et à s’exiler aux États-Unis. En 1941, il s’installe avec Bella à New York où il retrouve plusieurs artistes et poètes juifs exilés comme lui. A New York, Chagall n'a pas été couvert par la gloire, comme quand il était à Paris. Il n'a pas été considéré comme un artiste à la mode chez les collectionneurs américains. Eloigné des lieux de conflit, Chagall s'indigne des actes de barbarie qui dévastent l’Europe et son pays natal. Guerre, persécutions, exode, villages en flammes marquent alors ses tableaux : désormais, une tonalité sombre envahit sa peinture. Le thème de la crucifixion, symbole de la souffrance humaine, devient récurrent chez Chagall qui commence à peindre, dès 1938, "Crucifixion blanche". Il mêle à ce thème classique de l’iconographie chrétienne des objets rituels du judaïsme tels que le tallit (châle de prière) autour de la taille du Christ et le chandelier à sept branches, associant ainsi le vocabulaire du judaïsme et du christianisme.
Et si l'Europe continuait sa dance macabre, en Amérique, Chagall réagissait aux évenements de la Deuxième Guerre Mondiale toujours de la même façon en reproduissait l'image Christ-juif crucifié. Et il n’était pas le seul. L’image du Christ sur La Croix est devenu le symbole des souffrances des juifs.